Le projet Comedia-Lyon

La résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance est une menace de santé publique majeure, à l’interface des santés humaine, animale et de l’environnement. Elle désigne le fait qu’un traitement antibiotique ne soit plus efficace pour traiter une infection bactérienne.  Au niveau mondial, en 2019, 1,27 millions de décès étaient attribuables aux bactéries résistantes aux antibiotiques. L’usage inapproprié d’antibiotiques, et la transmission de bactéries résistantes sont deux facteurs influençant l’émergence et la dissémination de l’antibiorésistance. Cependant, les conditions de vie (structure familiale, présence d’animaux dans le foyer, voyages à l’étranger) ou d’autres facteurs socio-économiques (densité de population, accès au soin, niveau de vie) sont aussi à prendre en compte. Les eaux usées sont un réceptacle pour les bactéries résistantes et leurs gènes, et participent à la diffusion de l’antibiorésistance.

L’antibiorésistance est donc un phénomène global mais il est difficile de lier les savoirs de chaque communauté (santé humaine, animale et environnement) surtout à grande échelle. Rassemblant une équipe transdisciplinaire (épidémiologie, microbiologie, écologie, hydrologie urbaine, anthropologie), l’objectif global de ComEDIA-Lyon est de décrire et expliquer la diversité de l’antibiorésistance d’un point de vue One Health dans diverses zones géographiques de Lyon, avec un fort accent mis sur les aspects socio-anthropologiques. Les objectifs spécifiques sont de i) cartographier la diversité des niveaux de résistance chez l’humain (hôpital et communauté), l’animal domestique (chien) et dans l’environnement (eaux usées), ii) identifier les facteurs socio-économiques et conditions de vie associées aux divers niveaux de résistance, et iii) évaluer dans quelle mesure les eaux usées jouent un rôle dans la dissémination de l’ABR.

Nous utiliserons des bases de données déjà existantes (données de résistance et usage d’antibiotiques chez l’humain, données socio-démographiques), que nous compléterons avec des données collectées spécifiquement (échantillons d’eau et fèces de chien, enquête ethno-épidémiologique auprès de patients). Nous combinerons une approche quantitative d’épidémiologie et de modélisation écologique, avec une approche qualitative par une étude ethno-épidémiologique. Ce projet sera mené en collaboration étroite avec des partenaires de la société civile et acteurs locaux, et permettra de structurer la communauté lyonnaise de recherche sur l’antibiorésistance autour d’un unique consortium transdisciplinaire.

Les porteuses

Mélanie COLOMB-COTINAT

Mélanie Colomb-Cotinat est pharmacienne et épidémiologiste. Elle s’est spécialisée sur la surveillance des bactéries résistantes aux antibiotiques en santé humaine et la prévention du risque infectieux. Elle a notamment travaillé à Santé publique France, l’agence nationale de santé publique, où elle a contribué aux missions de surveillance nationales. 

Depuis 2022, elle est praticienne hospitalier contractuelle aux Hospices civils de Lyon et affiliée au Centre international de recherche en infectiologie. Elle mène de nombreuses études portant sur la détection précoce des épidémies bactériennes et l’épidémiologie des bactéries résistantes aux antibiotiques, et est impliquée dans des projets « One Health » avec des acteurs de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement.

Lucie COLLINEAU

Lucie Collineau est vétérinaire épidémiologiste au laboratoire de Lyon de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Ses travaux s’articulent autour de la surveillance, la recherche et l’expertise en lien avec la résistance aux antibiotiques chez les animaux d’élevage et de compagnie

Elle est impliquée dans différentes initiatives nationales et internationales afin de valoriser l’utilisation des données de surveillance, via des analyses croisées entre populations ou secteurs humain, animal et environnemental, dans une démarche collaborative et « One Health ».

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