Médailles CNRS 2025 : un lauréat parmi les projets SHAPE-Med

Chaque année, le CNRS récompense l’excellence au sein de la communauté scientifique française, en distinguant des chercheur.euses pour la qualité de leurs travaux. En 2025, le site lyonnais se distingue avec 7 lauréats : 2 médailles d’argent, 4 de bronze et 1 médaille de cristal. Parmi les médaillés de bronze figure Antoine Coutrot, chargé de recherche CNRS au LIRIS (CNRS / INSA Lyon – Institut National des Sciences Appliquées de Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1) . Il est aussi l’un des porteurs du projet Sensational financé par SHAPE-Med. Il revient pour nous sur ses travaux et sur la signification de cette distinction.

C’est une récompense individuelle à une activité éminemment collective

Vous avez reçu la médaille de bronze du CNRS : que représente cette distinction pour vous, à ce moment de votre parcours ?

Un mélange de fierté et de gêne. Fierté car ça fait plaisir d’être reconnu par ses pairs. Gêne car c’est une récompense individuelle à une activité éminemment collective. Je prends cette récompense comme la reconnaissance du travail effectué depuis des années par tous les collaborateurs du projet, ainsi que comme l’occasion d’en parler à un public plus large.

Si vous deviez résumer Sensational en une phrase ou une image pour le grand public, que diriez-vous ?

La volonté de permettre au plus grand nombre d’accéder au parcours diagnostic de la maladie d’Alzheimer, de manière décentralisée et non invasive.

Quels sont les défis majeurs quand on travaille sur un projet transdisciplinaire. Et à l’inverse, qu’est-ce que cette transdisciplinarité permet, que les approches disciplinaires classiques ne permettent pas ?

Dans ce projet nous utilisons Sea Hero Quest, un jeu vidéo de navigation spatiale, pour quantifier le sens de l’orientation des joueurs. Cette approche nous a permis de collecter les trajectoires de plus de 4 millions de personnes, ce qui en fait la plus grande base de données comportementales enregistrée par des scientifiques. Cela nous permet d’entrainer des modèles d’intelligence artificielle à reconnaitre les grandes stratégies de navigation mises en œuvre par les joueurs, et de coupler cela à des données cliniques, comme les marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer.

Ce qui peut être compliqué dans ce genre de projet c’est de comprendre et respecter les particularités de chaque discipline. Par exemple ne venant pas du monde médical, j’ai découvert la recherche impliquant la personne humaine en milieu hospitalier et ai été très impressionné par la nécessaire rigueur et précision du cadre éthique. Grâce à SHAPE-Med, nous avons pu travailler avec une attachée de recherche clinique extrêmement efficace, qui a rendu cette aventure beaucoup plus simple que prévu. Nous travaillons également avec des philosophes spécialistes de l’éthique en santé, et c’est drôle de constater à quel point nous n’avons pas le même vocabulaire ni les mêmes façon de communiquer notre travail, ce qui est très enrichissant !

Quels types de capteurs ou d’outils numériques sont utilisés pour mesurer la perception sensorielle dans ce projet ?

Nous utilisons Sea Hero Quest, un jeu vidéo de navigation spatiale pour quantifier le sens de l’orientation des joueurs. Pendant que les participants jouent, nous enregistrons leur regard avec un oculomètre, ce qui nous permet de mieux comprendre les stratégies utilisées : ont-il regardé les repères visuels, les intersections ? En parallèle de cela nous collectons aussi des marqueurs sanguins de la maladie d’Alzheimer.

La médaille de bronze du CNRS récompense des premiers travaux très prometteurs. Comment voyez-vous l’évolution de vos recherches dans les prochaines années ?

Une suite logique serait de collecter des données de manière longitudinale, c’est-à-dire en testant les mêmes personnes sur plusieurs années. Le but à moyen terme est de transformer Sea Hero Quest en dispositif médical, pour qu’il puisse être utilisé par les professionnels de santé.

Pour finir sur une note musicale : si vous deviez choisir une chanson pour illustrer ce moment de reconnaissance — votre médaille de bronze du CNRS — laquelle serait-ce ? Et pourquoi ?

“Dueling Banjos” by Arthur Smith, issu de la Bande Originale du film Délivrance (1972). Un morceau qui illustre bien les vertus de la transdisciplinarité : 2 personnes issues de 2 mondes complètement différents qui trouvent un langage commun – ici la musique – pour créer ensemble quelque chose de complexe et beau. Bon la comparaison avec ce film s’arrête là, habituellement les collaborations scientifiques se terminent mieux. 

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