Le projet SPADE

Le carcinome hépatocellulaire est la troisième cause mondiale de mortalité par cancer. Ce problème majeur de santé publique résulte surtout d’une infection chronique par le virus de l’hépatite B, transmise principalement à la naissance, notamment chez les personnes nées en Afrique et en Asie. Cette infection, le plus souvent asymptomatique, conduit à un diagnostic tardif. En l’absence d’un diagnostic précoce et d’un accès au traitement, jusqu’à 25 % des patients atteints d’une hépatite chronique risquent de développer un carcinome hépatocellulaire au cours de leur vie.

Le virus de l’hépatite B continue de circuler en France malgré une couverture vaccinale néonatale obligatoire depuis 2018. Un dépistage et un accès aux soins inadaptés aux populations spécifiques touchées y contribuent.

La prévention et le dépistage doivent s’appuyer sur les données épidémiologiques disponibles et les caractéristiques des populations exposées. Dans le contexte de la métropole de Lyon le projet SPADE, SPAtial DEtection of HBV-infected people for targeted prevention interventions, est proposé sur l’hypothèse que le lieu de vie des personnes vivant avec le virus de l’hépatite B n’est pas réparti de façon homogène dans le tissu urbain.

L’objectif de SPADE est d’identifier les territoires les plus pertinents pour des interventions de dépistage par l’analyse géographique des données hospitalières et la recherche qualitative concernant les lieux de vie et l’accès aux soins des personnes vivant avec ce virus. Cette approche permettra d’envisager des stratégies ciblées basées sur les caractéristiques sociospatiales et psychosociales des lieux hébergeant des personnes vivant avec le virus de l’hépatite B et leur entourage potentiellement infecté.

Dans une logique transdisciplinaire, SPADE mobilise des expertises issues des sciences humaines et sociales, de l’infectiologie, de la biologie, de la santé publique, de la recherche interventionnelle et santé communautaire. La méthodologie mixte du projet porte sur l’analyse quantitative de données de santé, une enquête qualitative auprès d’individus testés positifs pour le virus de l’hépatite B, ainsi que l’expérience et les connaissances des différents acteurs de terrain concernés. Cette approche se révèle indispensable pour réussir l’élimination des hépatites virales à l’horizon 2030 fixée par l’OMS.

Les porteurs.euses

Isabelle CHEMIN

Le Dr Isabelle Chemin est actuellement directrice de recherche à l’INSERM U1350 (IHU EVEREST). Ses recherches portent sur les variantes du VHB et le carcinome hépatocellulaire, y compris les marqueurs pronostiques et prédictifs du CHC, les modèles animaux et les études sur le terrain. Elle anime plusieurs projets avec des pays d’Afrique et d’Amérique latine. Elle a contribué au transfert de technologie en Gambie, au Sénégal, au Brésil et au Venezuela et cherche à améliorer le diagnostic et l’accès aux soins des patients porteurs des hépatites B et delta.

Mauricio FUENTES VALLEJO

Mauricio Fuentes Vallejo est géographe de la santé avec expérience en recherche interdisciplinaire en santé publique, il s’intéresse à l’intégration de méthodologies quantitatives, qualitatives et participatives. 

Depuis 2023, il est chercheur du département de sciences humaines et sociales du Centre Léon Bérard, où il participe aux projets concernant les inégalités sociales en cancérologie, notamment sur la concentration spatiale de l’offre de soins et la qualité de vie des patients atteints de cancer, et l’analyse des inégalités spatiales et des facteurs de risque contextuels de l’incidence des sarcomes en France. 

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